Nous sommes en 1905 et une stupidité déchaînée règne sur l'Europe. Alors que Clarissa, âgée de 18 ans, et sa famille se réfugient sur les rives glacées du lac Wannsee, le légendaire Baron Munchausen fait une apparition inattendue à leur porte. De retour dans la société allemande après un siècle d'absence à l'âge avancé de 180 ans, le Baron est persuadé de présenter ses impressions de l'Exposition universelle de Melbourne, en Australie, à un rassemblement choisi de célébrités berlinoises. Au cours d'une semaine, le vif Baron arrive chaque soir en traîneau pour combattre les jours moroses avec une série de visions et de théories fantastiques : il discute de l'architecture mobile, du rôle de la technologie dans les arts et de la nécessité pour l'art d'ignorer la nature dans sa quête de découverte de nouveaux organes et sens planétaires ; des nouveaux miracles domestiques des tubes à vide pour le nettoyage et des machines à éplucher les pommes de terre ; de la fonction répressive de la sexualité ; et de la nécessité d'une fiscalité progressive. Ses récits de Melbourne emmènent finalement son auditoire d'un restaurant dans les profondeurs de l'océan aux habitations de géants minéraux dans les cavernes de montagne, avant de culminer dans un voyage spirituel dans l'espace parmi des lunes-saucisses et des peaux-solaires. Paul Scheerbart (1863-1915) était un romancier, dramaturge, poète, critique, dessinateur, visionnaire, partisan de l'architecture de verre et aspirant inventeur du mouvement perpétuel. Surnommé le « clown sage » par ses contemporains, il s'opposait au naturalisme de son époque avec des fables fantastiques et des satires interplanétaires qui influenceraient les auteurs expressionnistes et le mouvement Dada allemand, et qui contribuèrent à fonder la science-fiction allemande.