Mistral est un portrait de la Provence vu à travers son vent légendaire. La photographe Rachel Cobb illustre les effets de ce vent implacable qui s'engouffre dans la vallée du Rhône, soufflant périodiquement à 120 km par heure—force d'ouragan sur l'échelle de Beaufort. La région s'est donc adaptée pour tenir compte de l'impact du mistral. Certaines maisons sont construites de manière traditionnelle, avec peu ou pas de fenêtres du côté exposé au vent et l'entrée principale du côté abrité. De lourdes pierres maintiennent en place les tuiles en terre cuite. Des rangées d'arbres bordant les champs créent des brise-vent pour protéger les cultures. Cobb a passé des années à poursuivre ce vent capricieux, se défiant de photographier l'invisible. En devenant sensible à ses rythmes et à ses effets, Cobb a réalisé que le mistral n'était pas seulement un phénomène météorologique ; il faisait partie intégrante du tissu de la vie provençale. Il était partout, mais toujours invisible. Mistral capture cette force invisible de la nature à travers ses effets : une feuille prise en vol, une mariée emmêlée dans son voile, des toiles d'araignée orientées pour résister au vent et des grappes de raisin fouettées par de puissantes rafales ("On peut mieux goûter le vin quand le mistral souffle", dit un vigneron de Châteauneuf-du-Pape). Les écrivains ont également tenté de saisir ce phénomène insaisissable. Des extraits d'écrits de Paul Auster, Lawrence Durrell, Jean Giono et Frédéric Mistral sont inclus dans ce volume, une évocation lumineuse de la puissance invisible de la nature.