Francisco Goya affirma en 1801 que « le temps peint aussi ». Plus de 200 ans plus tard, cette citation, devenue maxime, pourrait se référer à la manière dont le temps modifie notre relation à l'art. Une interprétation plus conceptuelle pourrait également être envisagée où le temps lui-même est le médium. Dans cette dernière interprétation, peu d'artistes ont mieux compris cette notion qu'Alexander Calder. Sculpting Time explore le temps comme un médium dans l'œuvre de Calder : à la fois comme une partie intégrante de sa sculpture cinétique et comme un facteur externe vis-à-vis des grands développements du XXe siècle. Cela est mieux illustré dans ses premiers sphériques ainsi que dans les Constellations (un terme inventé par Marcel Duchamp et James Johnson Sweeney en 1943) qu'il a créées en bois et en fil de fer pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque la tôle n'était pas disponible. En introduisant le mouvement dans une forme d'art statique, Calder implique le passage du temps ; ainsi, le temps sculpte aussi. Ce beau volume relié en tissu, imprimé sur papier Tatami, est rempli d'images contemporaines d'œuvres des années 1930 aux années 1970, ainsi que de photographies d'archives de l'atelier de Calder. Alexander Calder (1898–1976) s'installe à Paris à la fin des années 1920, où il se retrouve au centre de l'avant-garde artistique de la ville. En 1930, il invente le mobile — une sculpture abstraite composée de parties indépendantes qui intègrent un mouvement naturel ou mécanique. Il continuera à explorer les possibilités de ce langage visuel pour le reste de sa carrière, se tournant finalement vers des constructions monumentales et des œuvres publiques.