Tour à tour amusant et offensant, Pybrac de Pierre Louÿs est peut-être le recueil de poésie le plus obscène jamais publié, et offre un aperçu de ce que le Marquis de Sade aurait pu produire s'il s'était essayé à la poésie. Publié pour la première fois à titre posthume en 1927, Pybrac fut, avec Le Manuel de civilité pour les petites filles, l'un des premiers manuscrits érotiques secrets de Louÿs à être publié clandestinement. Composé de 313 quatrains alexandrins rimés, dont la majorité commence par la phrase "Je n'aime pas voir...", Pybrac est en forme une parodie du poète chancelier du XVIe siècle Guy Du Faur, Seigneur de Pibrac, dont les quatrains moralisateurs étaient une lecture littéraire courante pour les jeunes lecteurs français jusqu'au XIXe siècle. Louÿs a passé sa vie à créer sa propre collection toujours croissante de préceptes moraux rimés (uniquement adaptés aux lecteurs adultes) : une litanie vertigineuse décrivant tout ce qu'il "n'aimait pas" voir, de l'homosexualité féminine, la sodomie, l'inceste et la prostitution à des perversions suffisamment extrêmes pour faire hésiter même un lecteur moderne. Avec le reste de ses manuscrits érotiques, la collection originale de plus de 2 000 quatrains a été mise aux enchères et dispersée dans des collections privées ; mais comme tout ce qui est érotique, ce qui reste, rassemblé ici, transmet une impression d'absurdité sans fin et d'obsession quasi hypnotique.