À 18 ans, Corita Kent (1918-86) est entrée dans l'ordre catholique romain des Sœurs du Cœur Immaculé de Marie à Los Angeles, où elle a enseigné l'art et a finalement dirigé le département d'art. Après plus de 30 ans, à la fin des années 1960, elle a quitté l'ordre pour se consacrer à son propre travail. Au cours d'une carrière de 35 ans, elle a réalisé des aquarelles, des affiches, des livres et des bannières - et surtout des sérigraphies - dans un style accessible et dynamique qui s'appropriait des techniques de la publicité, du consumérisme et du graffiti. Les premières, qu'elle a commencé à exposer en 1951, empruntaient des phrases et représentaient des images de la Bible ; dans les années 1960, elle utilisait des paroles de chansons et des slogans publicitaires comme matière première. Évitant la convention, elle produisait des multiples bon marché et facilement disponibles, y compris un timbre-poste. Son travail était populaire mais largement négligé par l'establishment artistique - bien qu'il ait toujours été adopté par des sommités du design telles que Charles et Ray Eames, Buckminster Fuller et Saul Bass. Plus récemment, elle a été de plus en plus reconnue comme l'une des artistes Pop les plus innovantes et inhabituelles des années 1960, combattant les établissements politiques et religieux, révolutionnant le design graphique et créant certaines des œuvres d'art américaines les plus frappantes - et joyeuses - de son époque, tout en vivant et en pratiquant comme une religieuse catholique. Cette première étude de son œuvre, organisée par Julie Ault à l'occasion du 20e anniversaire de la mort de Kent, avec des essais de Ault et Daniel Berrigan, est la première à examiner la vie et la carrière de cette importante artiste américaine marginale, et contient plus de 90 illustrations, dont beaucoup sont reproduites pour la première fois, en couleurs vives, et parfois Day-Glo.