La rencontre inattendue d'un gant en caoutchouc, d'une balle verte et de la tête de la statue classique de l'Apollon du Belvédère donne naissance à l'une des peintures les plus captivantes de l'histoire de l'art moderniste : « Le Chant d'amour » (1914) de Giorgio de Chirico. De Chirico a fait carrière à Paris dans les années précédant la Première Guerre mondiale, combinant sa nostalgie pour la culture méditerranéenne antique avec sa fascination pour les curiosités trouvées dans les vitrines parisiennes. Adorée par les surréalistes, cette image étrange illustre la peinture radicale « métaphysique » de de Chirico, qui crée un sentiment troublant d'irréalité, en dehors de l'espace et du temps logiques, à travers la représentation nouvelle de choses ordinaires. L'essai d'Emily Braun explore les sources derrière les motifs énigmatiques de l'œuvre, son influence sur les peintres et poètes d'avant-garde, et sa capacité continue à captiver les spectateurs comme de Chirico l'avait prévu, même un siècle après sa création.