Deux nouvelles de l'inventeur du mouvement perpétuel et parrain de la science-fiction allemande. Rakkóx le Milliardaire (1901), un "roman protéen", raconte l'histoire d'un multimilliardaire qui abandonne ses aspirations militaristes (et ces fantasmes quichottesques imaginés par son Département d'Invention, comme l'utilisation du hareng dans la guerre sous-marine) au profit d'un projet de transformation d'une falaise en œuvre d'art architectural. La Grande Course (1900), un "roman de développement en huit histoires différentes", décrit une compétition intergalactique parmi des esprits de vers qui souhaitent se séparer de leurs étoiles et atteindre une véritable autonomie dans une course féroce de traîneaux ailés, de vaisseaux-canon, de véhicules en forme de roue à des hauteurs vertigineuses et de machines sur échasses de 100 miles de haut, dont les gagnants seront transformés en dieux. Oscillant entre un slapstick humoristique et agressif et des visions éthérées de philosophie cosmique, la fiction de Scheerbart offre quelque chose d'une odyssée spatiale en dessin animé, et ne ressemble à celle d'aucun autre écrivain, ni de son temps ni du nôtre. Paul Scheerbart (1863-1915) était un romancier, dramaturge, poète, critique de journaux, dessinateur, visionnaire, partisan de l'architecture de verre et inventeur potentiel du mouvement perpétuel. Surnommé le "clown sage" par ses contemporains, il s'opposait au naturalisme de son époque avec des fables fantastiques et des satires interplanétaires qui devaient influencer les auteurs expressionnistes et le mouvement Dada allemand, et qui ont contribué à fonder la science-fiction allemande.