Établissant la réputation de l'auteur en tant qu'inventeur maudit de son temps, les Principes de la mécanique cérébrale furent d'abord présentés à l'Académie des sciences en 1872, mais ne furent publiés qu'en 1879, et encore sous une forme fragmentaire. Cherchant à comprendre la mécanique de la perception—dont les organes étaient à l'époque trop petits et inaccessibles pour être étudiés directement—Cros tenta plutôt de rétroconcevoir les organes sensoriels. Alors que ses inventions précédentes dans les domaines de l'enregistrement audio et de la photographie en couleur s'étaient concentrées sur la technologie pour les sens, avec cet essai ambitieux, Cros se tourna vers la conceptualisation de la technologie des sens eux-mêmes : plutôt que la transmission de la couleur à la rétine, il tenta ici de concevoir comment la couleur était transmise de la rétine au cerveau. En abordant le cerveau humain comme un « mécanisme d'enregistrement », l'essai de Cros peut être mis aux côtés des travaux révolutionnaires de figures telles qu'Étienne-Jules Marey et Eadweard Muybridge, qui ont transformé la vision moderne. Charles Cros (1842–88) était autant un homme de la Renaissance qu'un poète maudit. Poète bohème qui buvait avec Verlaine et hébergeait Rimbaud, il développa également le monologue comique en tant que genre théâtral, et inventa à la fois le phonographe (qu'il nomma le « paléophone ») et la photographie en couleur (bien qu'il n'ait réussi à breveter ni l'un ni l'autre avant Thomas Edison ou Louis Ducos du Hauron), parmi d'autres inventions telles qu'une batterie non métallique et un sténographe musical.