Lorsque Marcel Schwob publia Le Livre de Monelle en français en 1894, il devint immédiatement la bible officieuse du mouvement symboliste français, admiré par des contemporains tels que Stéphane Mallarmé, Alfred Jarry et André Gide. Assemblage soigneusement tissé de légendes, d'aphorismes, de contes de fées et de philosophie nihiliste, il reste une œuvre profondément énigmatique et obsédante plus d'un siècle plus tard, un rassemblement de ruines littéraires et personnelles écrit dans un style qui évoque à la fois les frères Grimm et Friedrich Nietzsche. Le Livre de Monelle fut le résultat de la souffrance émotionnelle intense de Schwob face à la perte de son amour, une « fille des rues » nommée Louise, qu'il avait rencontrée en 1891 et qui succomba à la tuberculose deux ans plus tard. La transformant en prophétesse innocente de la destruction, Monelle, Schwob raconte les histoires de ses diverses sœurs : des filles succombant à la désillusion, prises entre le monde trompeur de la fantaisie enfantine et le monde amer de la réalité. Cette nouvelle traduction réintroduit un véritable chef-d'œuvre fin-de-siècle en anglais. Influence secrète sur des générations d'écrivains, de Guillaume Apollinaire et Jorge Luis Borges à Roberto Bolaño, Marcel Schwob (1867–1905) était aussi versé dans l'argot des voleurs médiévaux qu'il l'était dans la poésie de Walt Whitman (qu'il traduisit en français). Paul Valéry et Alfred Jarry lui dédièrent tous deux leurs premiers livres, et il était l'oncle de la photographe surréaliste Claude Cahun.