En 1941, Jacob Lawrence, alors âgé de seulement 23 ans, réalisa une série de 60 petites peintures à la détrempe sur la Grande Migration, le mouvement de masse de plusieurs décennies des Afro-Américains du Sud rural vers le Nord urbain qui commença en 1915-16. Enfant de parents migrants, Lawrence travailla en partie à partir de sa propre expérience et en partie à partir de longues recherches dans la bibliothèque de son quartier. Le résultat fut un récit épique de l'histoire collective de son peuple. Passant de scènes de terreur et de violence à des images d'une grande intimité, et s'inspirant du cinéma, de la photographie, des caricatures politiques et d'autres sources de la culture populaire, Lawrence créa un format innovant de panneaux séquentiels, chaque image étant accompagnée d'une légende descriptive. Quelques mois après son achèvement, la série entra dans les collections du Museum of Modern Art de New York et de la Phillips Memorial Gallery (aujourd'hui The Phillips Collection) à Washington, DC, chaque institution acquérant 30 panneaux. La série de la Migration est désormais un jalon dans l'histoire de l'art moderne. Jacob Lawrence: The Migration Series, maintenant en livre de poche, ancre le travail de Lawrence dans les débats culturels et politiques qui ont façonné son art et démontre sa pertinence pour les artistes et écrivains d'aujourd'hui. La série est reproduite dans son intégralité ; de courts textes accompagnant chaque panneau les relient à l'histoire de la Migration et explorent la technique et l'approche de Lawrence. Aux côtés d'essais savants, le livre inclut également 11 poèmes nouvellement commandés, par Rita Dove, Nikky Finney, Terrance Hayes, Tyehimba Jess, Yusef Komunyakaa, Patricia Spears Jones, Natasha Trethewey, Lyrae Van Clief-Stefanon, Crystal Williams et Kevin Young, qui répondent directement à la série. La poétesse distinguée Elizabeth Alexander a édité et introduit la section.