Un homme d'affaires en voyage décide de s'attarder dans une ville sans nom, adopte un nouveau nom et une nouvelle profession sur un coup de tête, et loue une chambre dans un hôtel sur une île à la périphérie de la ville. Alors qu'il erre dans les rues de devantures et de bureaux inexplorés, il rencontre une étrange constellation de personnages : un veilleur de nuit sinistre ; son demi-frère spirituel, le « professeur » ; et une beauté muette qui l'obsède rapidement. Ils conduisent à leur tour le narrateur dans des labyrinthes de boutiques de curiosités bondées et de brocanteurs où les secrets de l'île sont enfouis derrière des armoires et le délire. Alors que le narrateur reconstitue le drame au cœur du quartier abandonné, il découvre des éléments manquants de sa propre biographie et le rôle qu'il doit jouer en tant que témoin de la tragédie. La novella de Marcel Béalu, écrite dans les années 1940 mais publiée seulement en 1954, épluche une banalité onirique pour révéler des vies doubles et des histoires secrètes. L'Aventure impersonnelle utilise une logique onirique pour traduire le traumatisme d'après-guerre, la dévastation urbaine et l'anxiété en un récit qui se déroule dans les rues vides et les boutiques de bric-à-brac d'une peinture de de Chirico. Marcel Béalu (1908–93) était un poète et romancier français qui s'inspirait du romantisme allemand et du surréalisme français, mais évitait les écoles de pensée et l'autobiographie. Son œuvre se distinguait par ses qualités oniriques et l'a établi comme un maître du fantastique français. Il a gagné sa vie comme chapelier (lorsqu'il a rencontré pour la première fois le poète Max Jacob, qui l'a pris sous son aile), antiquaire, puis libraire.