Pour les milliers de marins américains en route vers le théâtre du Pacifique de la Seconde Guerre mondiale, les îles hawaïennes étaient le point de départ d'un destin inconnu. Leur perception d'Honolulu comme un paradis tropical s'est rapidement dégonflée à leur arrivée. L'anticipation d'un Diamond Head éclairé par la lune, des danseuses de hula disponibles et du rhum coulant à flots et abordable s'est rapidement matérialisée en rues bondées, plages clôturées de barbelés et files d'attente interminables menant nulle part. Pourtant, comme dans de nombreux ports d'escale, les distractions étaient nombreuses, et sous les vents alizés chauds, les marins en profitaient lors de leur dernier arrêt avant l'enfer. Shore Leave est le premier livre photo à capturer l'Honolulu de cette époque et de ce lieu. C'est un document visuel unique en son genre d'un port qui, pour de nombreux marins de passage, était leur initiation à l'âge adulte. Les images classiques des années 1940 de danseuses de hula hawaïennes complètent les photos de scrapbooks de marins en uniforme, joyeux, visitant l'île à moto ou jouant au billard. De jeunes femmes se faisant passer pour de véritables danseuses de hula posent avec des marins dans des cabines photo, un rituel qui pour beaucoup serait la dernière étreinte humaine avant d'être déposés sur le champ de bataille. Que ce soit dans les rues bondées de Waikiki ou dans la file d'attente du célèbre Black Cat Cafe, les jeunes hommes américains semblent satisfaits pour le moment des libertés que leurs 48 heures loin du navire leur ont accordées. Méticuleusement sélectionné à partir d'une collection de 30 ans de scrapbooks, albums photo et éphémères, Shore Leave—magnifiquement emballé avec sa couverture en tissu et son illustration collée—présente les rêves et les réalités de jeunes hommes en route vers la guerre dans un Honolulu aussi exotique et interdit qu'il était banal et solitaire.