Après On the Mines, The Transported of KwaNdebele est le deuxième livre de David Goldblatt à être repensé et enrichi par l'artiste pour Steidl Publishers. Datant à l'origine de 1989, il parle des travailleurs d'une patrie tribale de l'apartheid pour les Noirs, KwaNdebele, qui n'a pas d'industrie, très peu d'opportunités d'emploi et est loin de la plus proche activité industrielle-commerciale de Pretoria, contrôlée par les Blancs. Les travailleurs de KwaNdebele prennent des bus très tôt le matin, certains dès 2h45, afin d'être à leurs lieux de travail à Pretoria à 7h00. À la fin de la journée, ils répètent le trajet dans l'autre sens, pour rentrer chez eux entre 20h et 22h. Goldblatt nous emmène dans leurs voyages éprouvants à travers la nuit, qui est une métaphore de leur lutte ardue pour la liberté elle-même. Dans des photographies dépourvues de sentimentalisme et d'artifice, la détermination farouche de ces personnes à survivre et à surmonter les obstacles émerge en termes presque héroïques. Brenda Goldblatt, cinéaste et écrivaine, a interviewé certains des travailleurs prenant le bus qui ont enduré non seulement ces voyages mais aussi une guerre civile déclenchée par la tentative du gouvernement de l'apartheid d'imposer une sorte d'indépendance à KwaNdebele - une condition qui aurait fait des travailleurs des étrangers dans le pays de leur naissance, l'Afrique du Sud, et les aurait ainsi privés de leur droit limité à y travailler. Des interviews avec des usagers contemporains (2012) des bus complètent le récit. Phillip van Niekerk, ancien rédacteur en chef du Mail & Guardian, fournit un essai sur KwaNdebele, sa place dans la logique du "grand apartheid" et sa demi-vie dans l'Afrique du Sud post-apartheid.