Voici la plus grande sélection, dans n'importe quelle langue, des écrits d'Erik Satie (1866-1925). Bien qu'autrefois considéré comme un excentrique, Satie est désormais perçu comme une influence clé sur la musique moderne, et ses écrits le révèlent comme l'un des plus séduisants des absurdes, à la manière de Lewis Carroll ou Edward Lear, mais avec une forte tendance au dadaïsme (un mouvement auquel il a participé). Le non-conformisme de la vie privée de Satie semble délibérément calculé : il a assumé diverses personnalités à différentes périodes de sa vie, du mystique "gentleman en velours" au dadaïste déguisé en bureaucrate perplexe. Ses écrits poignants, malicieux et pleins d'esprit incarnent toutes ses contradictions. Sont inclus ici ses "Mémoires d'un amnésique" "autobiographiques" ; des annotations gnomiques à ses partitions musicales ("Pour les ratatinés et les imbéciles, j'ai écrit un choral convenablement lourd... Je dédie ce choral à ceux qui ne m'aiment pas") ; les publications de son église privée ; sa pièce absurde Le Piège de Méduse ; des textes publicitaires pour son journal local de banlieue ; et les mystérieuses "publicités privées" calligraphiées trouvées derrière son piano après sa mort. Satie se décrivait comme "un homme à la manière d'Adam (celui du Paradis)" et ajoutait : "Mon humour rappelle celui de Cromwell. Je suis également redevable à Christophe Colomb, car l'esprit américain m'a parfois tapé sur l'épaule, et j'ai joyeusement ressenti sa morsure ironiquement glaciale." Il est mort comme il a vécu : "sans cesser tout à fait de sourire."